REPORTAGE – Table ronde sur l’immigration turque

Ce lundi 2 mai 2016 était organisée au Malmundarium une table ronde sur le thème des immigrations, plus spécifiquement l’immigration turque qui a marqué la ville de de Malmedy dans le milieu des années 60. Retour en mots et en images sur cette soirée riche en enseignements.

50 ans d’immigration

D’abord, l’historien Mazyar Khoojinian (asbl Carhima) a retracé l’évolution de l’immigration turque en Belgique. En 1964, le gouvernement belge signe des conventions bilatérales avec le Maroc et la Turquie pour importer des travailleurs. Dans un premier temps, ceux-ci n’envisagent pas de rester: ils comptent rentrer dans leur pays natal après avoir mis de l’argent de côté. Le regroupement familial s’opère tout de même à partir de 1974. Les liens avec la Belgique se resserrent et la troisième génération issue de cette immigration a déjà pointé le bout de son nez.

Une intégration progressive

Ensuite, Altay Manço a abordé le thème de l’intégration des populations immigrées d’origine turque en Belgique en croisant différentes données: scolarité, emploi, logement, pratique religieuse, sentiment de rejet et ouverture vers les autres. Il en ressort qu’aujourd’hui, les Turcs s’intègrent progressivement dans la société belge. Malgré tout, ils forment une communauté qui a une forte tendance à se concentrer, avec un sentiment d’exclusion renforcé. Ils investissent plus dans l’immobilier que le reste de la population (taux de propriétaire supérieur à la moyenne nationale). Les descendants d’immigrés font assez rarement des études supérieures. Ils sont moins pratiquants que ne l’étaient leurs ancêtres (bien que le nombre de mosquées reconnues en Belgique croît sensiblement – on en recense 350 en 2015). Ils préfèrent un conjoint de même origine, quitte à le choisir dans la famille (les mariages entre cousins germains ne sont pas rares parmi les immigrés, alors que c’est exceptionnel en Turquie).
Si vous souhaitez plus de statistiques sur ce sujet, vous pouvez contacter l’Irfam (Institut de Recherches, Formations et Actions sur les Migrations) où travaille Altay Manço.

Une séance de questions-réponses a suivi l’intervention des deux premiers spécialistes du sujet.

Une immigration parmi les immigrations

Enfin, Cécile Baltus a évoqué l’actuelle crise des migrants en rappelant que les mouvements de population ont toujours existé et contribuent à façonner une société métissée.

Elle a d’abord rappelé des notions souvent confondues, en redéfinissant les termes « migrant », « réfugié », « demandeurs d’asile ».
*Le migrant est quelqu’un qui quitte son pays d’origine, quelque soit la raison.
*Le réfugié est un individu qui bénéficie d’un statut spécifique défini par la Convention de Genève. Il s’applique à toute personne « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays » (source: http://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/StatusOfRefugees.aspx).
*Le demandeur d’asile est une personne qui demande ce statut.

La plupart des migrations sont soit économiques, climatiques ou politiques, résultant très souvent de guerres ou de conflits ethniques. Elles touchent l’ensemble de la planète, mais dans des proportions différentes. En temps normal, 25% des demandes d’asile étaient acceptées sur le territoire belge. En 2015, ce chiffre a doublé avec les conflits en Irak, en Syrie, en Libye ou encore en Erythrée. Pourtant et contrairement à d’autres pays, la Belgique n’accueille encore qu’un nombre limité de migrants (0,6% de la population en 2015 – source: http://www.statistiques-mondiales.com/taux_de_migration.htm).

 

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