Cercle de lecture du 3 février 2009
Ce qu’on en dit :
Dans Désert, J-M Le Clézio juxtapose deux chroniques : celle de Nour, le témoin de la résistance d’un peuple à l’invasion coloniale au début du 20ème siècle, et celle de Lalla, lointaine descendante par sa mère de ces tribus décimées, qui résiste aussi à sa façon aux artifices de l’Occident moderne. Sept séquences du roman sont consacrées à la première, qui ouvre et ferme le livre, contre vingt-quatre à la seconde, imprimée dans une typographie différente. Une foule en guerre et un voyage initiatique alternent dans ce montage, comme si une Odyssée se greffait sur une Illiade. Car Le Clezio sait donner à son double récit le souffle d’une épopée à la gloire des exclus, tant passés (les nomades du désert) que présents (les immigrés de Marseille). Leurs valeurs les plus hautes écrasent par contraste les mirages de l’Europe : violence aveugle de la colonisation passée, violence larvée de l’exploitation présente. Sur leur sol, Nour, Lalla et Hartani communiquent avec le temps et l’espace, s’unissent aux éléments dans des paysages grandioses et arides. Lalla ne laisse prendre d’elle par les « civilisés » que son image fascinante avant de revenir donner la vie sur la terre de ses ancêtres. Le peuple des hommes bleus est pour Le Clézio un autre peuple élu, mené dans son exode par un Moïse africain, Ma el Aïnine, qui meurt aux rivages de la terre promise. Livre riche d’évocations minérales et de contes magiques, Désert permet à Le Clézio de retrouver l’audience qu’il a connu en 1963 avec le Procès-verbal christmas inflatables.
Source : Encyclopédie Encarta
Ce que nous en pensons :
Voici en quelques réflexions diverses, nos réactions…
Livre très descriptif ; peu d’échanges de paroles « comme si elles étaient de trop » a dit quelqu’un, tant le paysage raconté par l’auteur nous emporte. « C’est comme si on y était » a dit une autre ; le désert vu à travers les yeux de Le Clézio nous enchante, nous charme, nous appelle. Quand on parle de la lumière du jour qui se lève sur le désert, on n’a pas une seule lumière mais des lumières (richesse du vocabulaire). On retrouve dans ce récit un peu de l’esprit du conteur oriental. Le problème évoqué par la vie de Lalla à Marseille est celui de l’immigration (on pourrait croire que l’auteur fait un peu le procès des Français et autres Europées qui ont colonisé l’Afrique du Nord et plus particulièrement le Maroc) La description de Marseille contraste avec le désert ; les couleurs changent, les attitudes des gens qui y vivent également, rien n’est comparable ! Lalla, après son passage dans cette ville, retourne au Maroc pour accomplir son destin. Sa richesse intérieure, son rejet d’une vie matérialiste, la spiritualité et la force qui l’habitent contribuent à répondre à cet appel du désert.
Nos petits préférés :
Où on va papa ? de Jean-Louis Fournier est le témoignage de ce père de deux enfants handicapés qui avec un humour décalé, relate avec beaucoup de sensibilité et de dérision une vie dans laquelle il ne fait que survivre. (disponible à la bibliothèque)
Gomorra : dans l’empire de la camorra de Roberta Saviano est une enquête réalisée dans les milieux de la mafia italienne.
« Ce ne sont pas les camorristes qui choisissent les affaires, mais les affaires qui choisissent les camorristes. La logique de l’entreprenariat criminel et la vision des parrains sont empreintes d’un ultralibéralisme radical. Les règles sont dictées et imposées par les affaires, par l’obligation de faire du profit et de vaincre la concurrence. Le reste ne compte pas. Le reste n’existe pas. Le pouvoir absolu de vie ou de mort, lancer un produit, conquérir des parts de marché, investir dans des secteurs de pointe : tout a un prix, finir en prison ou mourir. Détenir le pouvoir, dix ans, un an, une heure, peu importe la durée : mais vivre, commander pour de bon, voilà ce qui compte. Vaincre dans l’arène du marché et pouvoir fixer le soleil. » (disponible prochainement à la bibliothèque)