Prix littéraire France-Communauté française de Belgique pour Daniel Grodos

 Daniel Grodos, Niamey Post

 

L’Association des Ecrivains de langue française a décerné à Paris, le jeudi 12 novembre, son 42ème Grand Prix France-Communauté française de Belgique. Ce prix bénéficie du soutien du Commissariat général aux Relations internationales de la Communauté française de Belgique. Les lauréats sont ex-aequo :

Daniel CHARNEUX pour « Nuage et eau » aux Editions Luce Wilquin et Daniel GRODOS pour  » Niamey Post – Lettres du Niger » aux Editions l’Harmattan.

Le docteur Daniel Grodos, que beaucoup de Malmédiens ont connu comme médecin de famille ou échevin, travaille dans la coopération au développement depuis plusieurs années. Il vient de passer deux ans en Bolivie et réside actuellement au Burundi. De 2001 à 2004, il a travaillé au Niger et c’est le récit de son expérience qu’il nous livre dans un recueil de lettres que, pendant près de quatre ans, il a écrites du Niger à ses enfants, ses proches, ses amis. De longues lettres qui auraient pu devenir un roman, mais que l’auteur a voulu conserver dans leur spontanéité, telles que sorties de la plume et confiées au courrier.

Tantôt graves, tantôt légères, elles sont l’écho des joies et des découragements d’un homme chaleureux et lucide, volontiers provocateur, toujours sincère. On passe du rire au doute, du salon en tôles du coiffeur de rue au grand hôtel où descend la princesse Mathilde de Belgique, en visite dans le pays, et des salles d’hôpital torrides à la case de brousse où officie, secret, le marabout. Les termites et le ramadan, le fleuve Niger et le Ténéré, les fêtes de Tabaski et la mort du père, au loin, l’odeur des frangipaniers et les cailloux du Sahel : la poésie alterne avec les coups de gueule, l’émotion avec l’agacement, la politique avec la médecine, et les balbutiements de la démocratie nigérienne avec les bouffées de mal du pays.

Sévère mais sans cynisme, l’auteur ne ménage ni les beaux discours ni les petits côtés de l’aide au développement. Il ne se ménage pas lui-même, d’ailleurs. On est loin du politiquement correct comme de l’autocomplaisance. L’inévitable prisme de la vision occidentale du monde est certes malmené, mais sa réalité et sa force assumées jusqu’au bout.

Quelques figures attachantes et hautes en couleurs traversent ces pages, comme celle de Seydou, vrai personnage romanesque, dont l’amitié exigeante et pudique, respectueuse et impertinente à la fois, fournit à ces lettres un fil d’Ariane discret et déroutant.