Les bibliothèques publiques fêtent leurs 100 ans

Du 17 au 31 octobre 2021, les bibliothèques célébreront 100 ans de reconnaissance publique. Cet article retrace l’évolution de la bibliothèque de Malmedy à travers les âges.
Cent années après son adoption, célébrer une loi, dite Destrée, sur les bibliothèques publiques témoigne de son importance et de sa portée. On peut dire que la loi qui porte le nom de son initiateur, Jules Destrée, Ministre des Arts et des lettres entre 1919 et 1921, a bouleversé le paysage de la lecture publique dans le pays et durablement marqué les esprits. L’Etat désormais prendra une part active dans le développement des bibliothèques en finançant acquisition de livres et fonctionnement. Les lieux-bibliothèques se multiplieront animés la plupart du temps par des bénévoles. M. Jules Tholomé est l’un d’entre eux. Il a enseigné à l’Institut Notre-Dame en tant que professeur de théorie et de dessin technique. A côté de cela, à partir de 1955-56, il a presté comme bénévole à la bibliothèque paroissiale, la bibliothèque libre Saint Quirin, qui était située dans les sous-sols du presbytère de Malmedy.  « On était une petite équipe de bénévoles, Charles Morant, Marie-Thérèse Charlier, Marie-Claire Thomas… Mon épouse m’accompagnait aussi parfois. Les heures d’ouverture dépendaient de notre temps libre : on ouvrait uniquement le mercredi après-midi et le samedi matin. On avait un tout petit subside de Bruxelles, 6000 francs environ, on s’en servait pour acheter, recouvrir et prêter les livres (c’était 1 franc pour emprunter un livre). C’était une petite bibliothèque mais beaucoup de familles et d’enfants y venaient. De l’autre côté de la rue se trouvait la bibliothèque des jeunesses patriotiques qui était laïque et soutenue par M. Emile Watrin, préfet de l’Athénée. L’entente était bonne entre les deux bibliothèques, il y avait de moins en moins de bénévoles et c’est pour cette raison notamment qu’elles ont fusionné. La bibliothèque actuelle est donc née de la fusion des deux bibliothèques en 1978. A ce moment, j’ai rejoint le Comité des usagers. J’ai toujours aimé lire et je lis beaucoup. Je garde encore des revues pour compléter mes collections de bibliothèques régionales
 : les Amis de la Fagne, le Cercle Marie-Anne Libert, Patrimoine Nature. Récemment, j’ai fait l’acquisition d’une tablette et l’utilise pour communiquer avec mes proches, écouter de la musique ou suivre des reportages sur Youtube. » [1]
Quelques précisions peuvent être apportées sur des événements qui ont marqué la création de la bibliothèque. Les deux bibliothèques malmédiennes ont prospéré jusqu’à ce que le Conseil culturel de la Communauté française vote le décret du 28 février 1978 et que son échevin de la Culture, le Dr. Daniel Grodos, soutenu par le Collège échevinal,  entreprenne de mettre en place le réseau de la lecture publique coordonné par Mme Renée Parmentier, la première bibliothécaire professionnelle.  En séance du 24 mars 1978 du Conseil communal, la décision était prise d’intégrer les bibliothèques des anciens villages comme bibliothèques satellites à la « nouvelle » bibliothèque. A peine fusionnées, les bibliothèques étaient communautarisées. Cela a été la première application d’un décret qui ne devait être publié au Moniteur que presque un mois plus tard et qui n’était pas encore d’application. [2] A ce moment, on y envisageait déjà la future réhabilitation du Monastère qui se concrétisera 22 ans plus tard… 
En survolant toutes ces années, la multitude des services, des actions menées, des rencontres privilégiées nouées avec les habitants, les écoles, les associations sont de nature à déconstruire les préjugés qui affirment que la lecture serait en baisse dans les pratiques culturelles. S’appuyant sur une base historique aux enjeux clairs et précis et une écologie de l’esprit dès sa création, la bibliothèque est devenue un service public innovant, contribuant largement à la coordination des pratiques culturelles et des partenariats dans la région, du travail en réseau avec la commune de Waimes (depuis 1997), concourant à l’animation, la participation à la vie citoyenne, l’éducation permanente et formelle, en bref, un pilier de la vie culturelle locale. Depuis le 1er janvier 2009, le réseau des bibliothèques de Waimes et Malmedy bénéficie d’une reconnaissance de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans la meilleure catégorie et cette reconnaissance  a été confirmée le 1 janvier 2021 avec de nouveaux défis à relever en termes de créativité, d’apprentissages, de développement durable et d’émancipation sociale et culturelle.
Si, aujourd’hui, sur la forme, la situation s’est fortement  éloignée de ce qu’avait connu Jules Destrée, sur le fond, un principe majeur reste : la facilité d’accès à la lecture pour le plus grand nombre demeure un ferment de la démocratie [3].
[1] Témoignage recueilli le 30 juin 2021
[2] Charlier, Jean, Une bibliothèque pleine d’avenir, 1990
[3] Delforge, Paul, La loi de 1921 sur les bibliothèques : Jules Destrée le précurseur, décembre 2011

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.